Carticasinchi suite

Par bonheur, le village n’est, en effet, pas resté totalement refermé sur lui-même, et a constamment accueilli des « immigrants », essentiellement corses, des villages environnants, mais aussi de Balagne ou du Niolu.

Ainsi, il est possible de localiser l’origine de certains des noms « importés » à Carticasi aux XVIII et XIX siècles essentiellement. Ces origines se sont transmises dans les familles, par tradition orale, jusqu’à nos jours. Il s’agit sans doute, le plus souvent, d’hommes venus louer leurs services pour les travaux agricoles ou d’artisans itinérants de passage à Carticasi. Trouvant le village accueillant … et souvent, une compagne à leur goût, ils s’installent, et font souche.
A ce propos, une histoire assez peu connue. Il s’appelle Marc Antoine PIOBETTA et il est né à … Piobetta, pas très loin de Carticasi, à vol d’oiseau, mais juste de l’autre côté de la montagne, à l’est. Il est maître maçon. Elle s’appelle Angèle EXIGA. Son père à elle, est aussi maître maçon, et il est venu de très loin, Olmeto, à côté de Sartène, pour épouser une fille MARI de Carticasi. Angèle et Marc Antoine se plaisent et se marient à Carticasi, en 1874.
Un peu plus tard, ils décident de construire leur maison, juste derrière l’église, une belle et grande maison, avec vue imprenable sur le San Petrone, sur le lieu toujours appelé aujourd’hui « Mercantone ». Ils auront huit enfants, dont trois morts en bas âge, et aucun descendant ne restera au village, tant et si bien que la grande maison ne sera jamais vraiment terminée, et elle menace ruine aujourd’hui.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En effet, le deuxième garçon, Jean-Benoît, part pour la Vendée. Il se fixe à La Roche sur Yon, où il fait de brillantes études, se marie et fonde un foyer. Il finira sa carrière comme inspecteur général de l’Instruction publique, et décédera en 1969, à 83 ans.Stephane Piobetta
Son fils Stéphane naît le 22 juillet 1913 à La Roche sur Yon. Il décroche son baccalauréat en 1930 avec mention « très bien », et réussit le concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm à Paris (premier à l’écrit, 4ème à l’oral). Il obtient une licence, puis l’agrégation de philosophie, en 1938. En parallèle, il milite à la S.F.I.O., dont il devient cadre, et fait de nombreux voyages à l’étranger. Alors qu’il reçoit sa première affectation comme professeur au lycée de Laon, en 1939, la guerre est déclarée et il est maintenu à l’issue de son service militaire, comme officier. Démobilisé en 1940, il ne peut rejoindre son poste à Laon, en zone occupée. Il rejoint la Résistance puis les Forces combattantes en Afrique du Nord. Il rencontre le Général de Gaulle, mais décline son offre de hautes fonctions au Comité français de la Libération, et rejoint, comme officier, un régiment engagé dans la campagne d’Italie, où il est tué, à 31 ans. Chevalier de la Légion d’Honneur, compagnon de la Libération, croix de guerre 39/45 (4 citations), médaille de la Résistance, il repose dans la crypte de la Sorbonne, à Paris. Son nom a été donné à une place du XIVème arrondissement de Paris, et à un collège de La Roche sur Yon.
Pour en revenir aux immigrants, et un bon croquis valant mieux qu’un long discours, voici leur itinéraire. Les noms figurant en italiques et entre parenthèses sous chaque village sont ceux qui, originaires de ces villages, sont arrivés à Carticasi.

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