Le village

Pour les présentations officielles, laissons parler les autorités municipales : La commune de Carticasi elle-même (1279 hectares) est limitée, approximativement, au Nord par le ruisseau de Vecchiale et la Punta Di Novalella ; au Sud par la Punta Di Cerio et les monte Muffaje ; à l’Ouest par le San Cervone ; à l’Est par le monte Callerucciu culminant à 1 484 mètres. Elle est traversée sensiblement d’Est en Ouest par la rivière de la Casaluna.

Au Nord, son horizon est délimité par la chaîne de crêts composée de la Punta Castellari, le monte Trepidi et la Punta Mazzarcello.C’est un vrai village de montagne : une altitude moyenne à 890 m, avec un minimum à 652 m et un point culminant à 1697 m !
Pour prendre quelques repères sur la carte, le village de Carticasi se trouve (par la route, pas à vol d’oiseau !!) à 70 km au sud de Bastia, à 30 km au nord-est de Corte, et à 25 km au sud-est de Ponte-Leccia, la « ville » la plus proche.
Le paysage est marqué par la présence paisible et protectrice du San Petrone, culminant à 1767 mètres et distant de 25 à 30 kilomètres.Sa configuration est typique des villages de bergers en montagne : posé sur une crête, il offre un ensemble de maisons groupées primitivement en « Pughjale » (promontoire) et composé, de façon générale, de constructions anciennes plutôt basses, aux murs de pierres fauves et aux toitures de lauzes. Toutefois, l’une d’elle présente un contraste particulier par sa hauteur et son étroitesse d’où son appellation « A Torra » (La Tour).

En redescendant la pente naturelle du village, on rencontre l’église actuelle, avec son « Campanile » élancé qui fait pendant avec « A Torra ». Je précise : l’église actuelle, parce qu’elle ne figure pas dans les anciennes descriptions. Un texte du XVIème siècle fait allusion à une église dite de l’« Annunciata » du côté de la chapelle San Stefanu (dans le cimetière actuel).

Puis, plusieurs maisons accrochées les unes aux autres : le Casone – comme une épine dorsale « Umbria e Sulana » (côté ombre et côté soleil) , descendent jusqu’à la place du village et sa fontaine traditionnelle (mais « seulement » centenaire !), en pierre, véritable carrefour des voies de desserte internes et externes du village. Sur la pente opposée, le cimetière communal a été édifié autour d’une chapelle romane, San Stefanu, sensiblement à l’écart du village actuel.

A ce propos, il serait intéressant de pouvoir apprécier l’évolution dans la configuration du village au fil du temps. Il n’y a, hélas, que peu de documents. Mais le cadastre napoléonien, dressé de façon extrêmement précise, en 1860, nous permet au moins un parallèle avec l’état actuel.

Le premier constat porte sur le fait que les parcelles de terrains se retrouvent encore largement aujourd’hui, dans la même configuration.

En 1860, le haut du village (a cima) est encore très peuplé, ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Le château d’eau, bien sûr, n’existe pas. Par contre, la Tour est déjà là. Plus bas, le Casone n’est pas complet : une rupture dans la partie inférieure est en fait un passage transversal, aujourd’hui encore présent, mais coiffé d’une voûte, où jouent souvent les enfants, en été, à l’abri des intempéries.

A propos du Casone, il est important de noter que, à l’époque, toutes les familles principales du village s’y trouvent représentées. Les maisons y sont souvent coupées en deux, dans le sens longitudinal, les propriétaires occupant soit le côté « umbria », soit le côté « sulana ». Par ailleurs, la rue est, en 1860, côté « sulana », ce qui n’est plus aujourd’hui, qu’un passage intérieur, très récemment dallé, la rue actuelle n’étant alors qu’un petit chemin.

Toute la partie « basse » du village est plus récente. Elle ne s’est développée qu’à partir du moment où la crainte des intrusions plus ou moins barbares s’est estompée.

Il faut aussi rappeler que la route qui vient de la vallée nord, donc de Cambia, s’arrête là, au centre du village ! Pour continuer sur Bustanico, seul existe un sentier, emprunté (et sans doute tracé) par les bergers, dans leur transhumance vers la plaine, du côté de Pancheraccia.

Voilà pour le décor. Mais comment les hommes sont-ils arrivés là ?

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