L’eau à Carticasi

La rivière, on l’a vu, a longtemps été un lieu de vie indispensable au village : activité des moulins, arrosage des terres, lavage du linge, toilette des habitants, terrain de jeu des enfants, pêche à la truite.

Mais le fait que Carticasi soit un village de montagne lui donne une grande chance : outre la Casaluna, de nombreuses sources, qui naissent sur les hauteurs voisines, lui assurent une alimentation en eau régulière et assez abondante.

Encore faut-il capter cette eau pour pouvoir l’utiliser. Jusqu’au début du XXème siècle, c’est chacun pour soi : chaque famille s’approvisionne avec des moyens de fortune, quitte, pour les femmes et les enfants, à faire de longs trajets avec la cruche ou le seau sur la tête ou à bout de bras.

Au tout début du XXème siècle, la famille Orsini, en la personne de Ghjuvan Pasquino, le maire, fait don à la commune d’une source qui naît sur ses terres, et il organise la canalisation de cette source jusqu’à la place centrale du village, où il fait bâtir la fontaine qui l’anime toujours, et qui vient de fêter son centenaire (1907-2007). Cette fontaine a longtemps servi à l’approvisionnement des familles, mais aussi aux visiteurs traversant le village, et heureux de trouver là une eau claire et fraîche, comme dans beaucoup de villages corses.

On citera juste pour l’anecdote une bonne intention mal récompensée : dans le but de permettre à l’utilisateur de ne pas souffrir des intempéries, pendant quelques années, la fontaine a été « habillée » d’un abri de ciment, sans doute efficace, mais assez peu esthétique ! Une expédition nocturne a mis à bas l’abri en question, sans que le ou les coupables n’aient jamais été découverts …

Une autre contrainte ménagère est ainsi résumée en préambule d’un projet de 1930 : « … les ménagères sont actuellement obligées de parcourir plusieurs kilomètres pour faire leurs lessives, par des chemins impraticables pendant l’hiver… ».

Il s’agit donc de construire un lavoir municipal couvert, au cœur du village ! Le projet est mûrement réfléchi, des plans sont dressés par un architecte de Bastia, les coûts chiffrés, l’emplacement choisi (ce n’est pas un terrain Orsini !). Il sera situé en contrebas du chemin vicinal d’accès au village, et sera alimenté par la fontaine centrale, d’où partira une conduite pour alimenter deux bacs : l’un pour le lavage et l’autre pour le rinçage !

Pourtant, les courageuses ménagères devront continuer, pendant de nombreuses années, à parcourir les kilomètres, par tous les temps, jusqu’à ce qu’elles puissent s’équiper de machines à laver !!

En effet, le beau lavoir municipal restera dans les cartons, à l’état de projet, et ne verra jamais le jour !

C’est à la fin des années 50, début 60, que l’eau courante arrivera dans les maisons. La construction du château d’eau permettra, quelques années plus tard, d’assurer davantage de pression et de régulariser le débit, en particulier pour ceux du Pughjale.

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