article paru dans CORSE matin du 25 novembre 2022


Soixante mille. C’est le nombre d’animaux qui seraient en divagation en Corse, pour reprendre le chiffre avance par Serena Battestini dans sa question orale de ce jeudi à l’assemblée de Corse : « La question récurrente de la divagation animale met manifestement en relief ce qu ‘est la Corse assujettie à un système de dépendance et d’abandon : un pays sous-développé. » Le mot est lâché, et le constat implacable. Car, dans une île de 350 000 habitants, la proportion de ces animaux est en effet à nulle autre région pareille : « Actuellement, ce sont 60 000 animaux divagants dénombrés, 30 000 censés appartenir à des propriétaires et 30 000 présentés comme ensauvagés. » Dans son propos, l’élue est lucide sur la répartition des responsabilités, et de leur application effective : « Faire du maire le seul responsable de la situation relève de l’irresponsabilité. Aujourd’hui, l’organisation territoriale de la Corse, régie selon le principe de libre administration des collectivités, avec tout ce que cela suppose en termes de coordination et de synergie des différentes institutions concernées, implique que ce grave problème soit enfin pris a bras-le-corps. et dans sa globalité. » Car ce problème dépasse la simple question agricole, et se propulse dans la catégorie des problématiques de sécurité publiques. avec son lot de victimes dont la liste ne cesse de s’allonger. « Quand comptez-vous faire reconsidérer le poids de la vie humaine au bord des routes, mais aussi dans nos pievi et paesi ? Quel plan réel de sécurité pourra être enfin mis en œuvre ?››, ajoute Serena Battestini.

C’est le président de l’0darc, Dominique Livrelli, qui a pris la parole pour la réponse: « Depuis deux ans. nous avons avancé sur le dossier Une personne est chargée d ‘aller sur le terrain rencontrer les présidents d’interco, et nous avons ciblé un certain nombre de territoires pour de nouvelles mesures, a-t-il exposé, dans le Niolu par exemple, et prioritairement la commune de Casamaccioli. À l’échelle de la commune, nous recensons les divers problèmes rencontrés, tels que la divagation ou les retours d’estive. Cela nous permettra d’identifier les terrains qui posent problème et les propriétaires, afin de leur proposer des solutions. » S’en est suivie une liste de moyens qui seront mis en œuvre, et pourront être appliqués à d’autres territoires. Parmi ces solutions, l’installation de clôtures béliers périphériques aux abords des zones stratégiques, telles que les routes, l’accompagnement de la réforme des animaux non productifs afin d’éviter les abandons. ainsi qu’un ensemble d’aides pour l’installation de clôtures dans les exploitations. Mais la réponse apportée concerne les animaux identifiés. Pour ceux ensauvagés, Dominique Livrelli a déclaré, à juste titre, qu’ils ne relevaient pas de la compétence de l'()darc. Une réponse partielle à un problème global apportée par l’exécutif. Sans doute aurait-elle pu être donnée par un conseiller, ou un président, aux prérogatives plus large que la seule thématique agricole.
Quid des animaux ensauvagés ?
Un discours qui n’a pas satisfait, loin s’en faut, les membres de l’association Cambià Ava, venus assister à la session : « Nous sommes déçus de cette réponse qui ne concerne que le volet agricole de la question. Elle avait d’ailleurs déjà été posée l’an passé, et la même réponse y avait été apportée, s’agace Marilyne Taddei, présidente de l’association Cambià Ava. et, une fois de plus, les victimes ont été complètement éludées. Pas un mot à leur sujet. Nous aurions aimé une réponse pour les animaux sauvages. Mais aussi et surtout pour les victimes et la sécurité de tous les citoyens » L’indemnisation des victimes relève, dans le cas d’animaux sauvages, le plus souvent du parcours du combattant. La reconnaissance des victimes permettrait, pour l’association, de mieux assurer leur prise en charge, tant du point de vue financier que de la santé. L’association attendait donc un autre type de réponse. et une autre interlocutrice : « Nous pensions que ce serait Madame Fazi qui nous répondrait, car c’est une question qui relève de la sécurité et de la santé publique. En nous donnant cette réponse partielle, en nous éludant, on nous marginalise ». s’indigne Marilyne Taddei. L’association travaille désormais Sur une motion qui permettrait la reconnaissance des victimes ainsi que leur prise en charge. « Nous organisons aussi une réunion le 14 décembre à Porto-Vecchio : nous ferons le point sur la situation, et accueillerons différents intervenants, tels que des gendarmes et des pompiers, afin qu’ils partagent leur réflexion et leur ressenti sur le sujet. » État, région, communes, les acteurs sont multiples. et les institutions devront décider d’une solution de prise en charge de ces animaux. Pour que l’espace public puisse enfin dire adieu aux veaux, vaches et cochons.
ISABELLE LANÇON-PAOLI